Les deux gardes gobelins surveillaient la porte de la salle du trône. Ces derniers portaient une sorte d’uniforme en cuir épais marron et tenaient à la main une hallebarde avec un manche plus court que la normale. A leur ceinture était accrochée une épée à lame courbe. Un homme trapu, bien en chair se présenta devant la porte. Les deux gobelins le reconnurent tout de suite et lui ouvrirent un battant. Se retrouvant dans la pièce, ce dernier se mit à genoux devant un immense trône en bois sculpté accessible en haut en montant une dizaine de marches.
- Alors ? S’enquit une voie rocailleuse, des nouvelles ?
- Non Mon Seigneur, répondit l’homme trapu.
Ce dernier regarda autour de lui. Il pouvait sentir la présence de plusieurs autres individus dans la salle, mais il lui était impossible d’identifier les espèces qui restaient dans l’ombre. Des fumées empêchaient également une meilleure visibilité et dégageaient une odeur de parfum.
- Expliquez-moi tout le déroulement de cette opération.
L’interlocuteur jeta des coups d’œil nerveux dans la salle.
- Mon Seigneur, je ne peux pas parler ici, il y a trop d’oreilles indiscrètes.
- Je suis le roi. Les personnes ici présentes m’ont permis d’accéder à cette suprême distinction, elles doivent entendre votre rapport. Je vous ai nommé duc, Adoph Wisop, je suis votre suzerain. C’est la dernière fois que vous me contredisez.
Le duc sentit sa gorge se serrer. Deux hommes bougèrent près du trône, Adoph baissa la tête, sachant pas si c’était deux gardes du corps ou deux personnes importantes. Adolph balaya de son regard la salle de trône pour essayer de mieux identifier les espèces présentes. Il jeta un regard circulaire, s’étant habitués à l’obscurité, il put voir que deux gobelins et un orc circulaient dernière les piliers. Des formes humanoïdes parlaient à voix basse, certaines, la tête cachée sous une capuche. Le duc devina la présence d’oreilles pointues. Les elfes étaient à la fois les meilleurs espions, de très bons guerriers et les pires ennemis qui pouvaient haïr pendant plusieurs siècles une personne ou sa famille. Cela lui fit couler de la sueur froide dans le dos.
- Nous avons découvert un lieu renfermant une puissance magique importante il y a deux mois de cela. Nous avons envoyé sur place un mage, Y’ourg, avec son escorte, Mon Seigneur.
Adoph essaya de ne pas oublier de détail. Le roi étant un mage puissant, certains prétendaient qu’il était capable de lire dans les pensées des personnes à proximité de lui.
- Le mage nous a prévenu que le lieu avait été un repaire d’elfes, avant que ces derniers ne le désertent.
- Vous pensez que les elfes connaissent encore l’endroit ?
- Je pense que cela doit apparaître dans leurs archives, rien de plus.
Le roi, d’un mouvement de la main, appela un serviteur qui attisa les flammes du foyer derrière lui. Le duc pouvait voir son interlocuteur, un homme d’une cinquantaine d’année, aux cheveux poivre et sel, les épaules carrés encore dans la force de l’âge. Une épée dans son fourreau trônait juste au dessus de sa tête. Il portait une simple couronne en argent, un habit de soie bien coupé, de couleur bleu, avec des dentelles sur les cols des manches et du cou. Son visage était sévère, avec une barbe rase taillée tous les jours. Ses cheveux cachaient à peine ses oreilles pointues d’elfes, mais sa carrure trahissait le mélange des deux espèces.